ortograf fonolojik du frâse


Cette manière d'écrire est une évolution de quelques essais de ma part, notamment avec l'écriture verticale issue des signes d'Odilon Calay et d'une proposition de Jean-Christophe Beumier.

Quand on dit phonologique, on se sépare de la notion phonétique et de la précision de l'IPA, pour ne retenir qu'un nombre de signes qui parfois recouvrent plusieurs variantes de prononciation, sans que les locuteurs y prêtent beaucoup d'attention. Cela concerne essentiellement les voyelles, comme les a et les â, mais aussi les é et les è ou ê. On peut certes y trouver à redire, mais la simplicité ainsi obtenue compense largement la légère distorsion par rapport à l'oral, qui de plus varie beaucoup d'un locuteur à un autre.

L'avantage de proposer une écriture sans caractères latins, issue des signes sténographiques, facilite l'acceptation du concept. On se réfèrera à cette page : http://danielmacouin.chez-alice.fr/langues_artificielles/vertigraphie/vertigrafi.htm. De toute manière ce n'est pas une proposition visant à être adoptée, ni même une action militante, juste un jeu plaisant pour ceux qui aiment ça. Il est donc préférable de s'exercer au fonolojik en se servant des signes de sténo, mais si on veut un équivalent en caractères latins, je propose ci-dessous un ensemble de caractères opératoires. 

Voici les lettres de l'alfabet :

Consonnes :  BCDFGHIJKLMNPRSTVZ

Voyelles : AEŒIOUWÂÊÎÔÛ

Semi-consonne : Y

Quelques explications sur les consonnes.

dans l'ensemble il n'y a pas de gros changement par rapport à l'écriture traditionnelle, néanmoins il faut s'habituer à des variantes.

Le choix de C pour CH est copié de l'indonésien, on aurait pu préférer le X comme en basque par exemple. Ça ne change rien à la congruence du système.

Quelques explications sur les voyelles

Le français manque de signes en général pour les voyelles, ici on simplifie et on complexifie en même temps.

Il s'agit là de la plus grande difficulté, car de plus en plus lundi est prononcé comme lindi, parfum comme parfin. Il semble utile de conserver des graphies distinctes, car la dérivation au féminin garde des sonorités différentes. Ainsi on aura trois écritures pour des sons que d'aucuns ne distinguent pas.

Donc on écrirait strictement mwayê car moyenne en traditionnel, parfû, car parfume, û car une, car fine, etc. Mais il est probable qu'une utilisation relâchée ne serait pas incompréhensible.

Notez que toutes les occurrences de  sont écrites ainsi, même si en écriture classique on trouve autant de en que de an pour cela.


Quelques explications sur la semi-voyelle Y

Traditionnellement on adjoint le w aux semi-voyelles du français. Le son marqué par le digramme ou fait aussi bien l'affaire. Donc l'usage du W pour le son ou est très naturel et déjà popularisé par l'Alfonic. En conséquence l'orthographie oi classique, mais mystérieuse, cède la place à WA.

Quelques exemples

dikte d Prosper Merime Dictée de Prosper Mérimée
Pwr parle sâ âbiguité , s diné a Sît-Adres, pre du Havr, malgre le efluv âbome d la mer, malgre le vî d tre bô kru, le kuiso d vo e le kuiso d cœvrœy prodige par l'âfitriô, fu û vre gepye.
Kel k swa e kelk'egzigu k'e pu paretr, a kote d la som du, le ar k'ete sâse avwar done la dweryer e le margilye, il ete îfam d'â vulwar pwr sla a de fuzilye jumo e mal bati e d lœr îflije un rakle alor k'il ne sôje k'a prâdr de rafrecisemâ avek lœr korlijyoner.

Kwa k'il â swa, s'e byî a tor k la dweryer, par û kôtrsâs egzorbitâ, s'e lese âtrene a prâdr û rato e k'el s'e kru oblije d frape l'egzijâ margilye sur sô omoplat vyeyi. Dœ alveol fur brize, un disâtri s deklara, suivi d'un ftizi.

- Par sî Martî, kel emoraji, s'ekriya s belitr! A set evenemâ, sezisâ sô gwpiyô, ridikul eksedâ d bagaj, il la pwrsuivi dâ l'egliz tw t'âtyer.

Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l'amphitryon, fut un vrai guêpier.
 
Quelles que soient et quelqu'exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis et de leur infliger une raclée alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.
 
Quoi qu'il en soit, c'est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s'est laissé entraîner à prendre un râteau et qu'elle s'est crue obligée de frapper l'exigeant marguillier sur son omoplate vieillie. Deux alvéoles furent brisés, une dysenterie se déclara, suivie d'une phtisie.
 
- Par saint Martin, quelle hémorragie, s'écria ce bélître ! À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l'église tout entière.



On s'aperçoit que les lettres de fin de mot ne sont pas muettes en "fonolojik", un  est le féminin de û. et âtyer correspond à entière.

On s'aperçoit aussi qu'on ne distingue pas les conjugaisons des autres mots, que les pluriels ordinaires ne sont pas différents des singuliers, comme c'est le cas habituel à l'oral. Qu'on ne marque pas d'accent pour à ou où, et que si une liaison est l'usage, on met un z', un t', ou autre, avant la voyelle du second mot : le z'wazo. L'Alfonic utilise pour cela un trait d'union, on peut faire de même si on préfère. On peut aussi préférer un tildé pour les voyelles nasalisées, mais comme il est plus facile d'accéder à l'accent circonflexe sur nos claviers habituels, on propose ici son usage. En réalité n'importe quel accent sur les voyelles ferait l'affaire. Quant au œ, il pourrait être remplacé par x ou q qui ne sont pas utilisés par ailleurs et qui sont directement atteints par une seule touche, mais œ est plus naturel pour un français dans œuf ou œil, bien que q ou x ne changeraient rien à la logique du système.

Écrire ce phonologique est assez rapide d'apprentissage, il semble que l'erreur la plus courante est d'user parfois du i au lieu du y après une consonne et devant une voyelle comme dans âtyer, le dernier mot de la dictée de Mérimée.