TOKI I O |
Le Toki Io est une création à bien des égards ridicule. Très probablement, personne ne pourra vraiment s'en servir du fait d'un parti pris intégriste dans la création des mots. Je ne conseillerais à personne de s'astreindre à un tel apprentissage du vocabulaire. Moi-même, malgré l'attention que j'y ai porté, je doute d'être capable d'arriver à ne pas confondre les mots, mais il est vrai que mes capacités en ce domaine sont très inférieures à la moyenne. L'essentiel n'est pas là : il s'agit juste d'une création artificielle faite pour l'amusement comme on fait des mots croisés où du macramé ou des haïkus. En apprenant le Tokipona, il m'était apparu qu'on pouvait, dans le cadre du vocabulaire limité de ce langage, exprimer les nombres et les heures de manière plus précise que ce qui semble la norme recommandée. Comme cela froissait manifestement quelques thuriféraires, et comme il n'est pas dans mes intentions de bousculer quiconque, ni de polémiquer, surtout pour des domaines aussi peu nécessaires, je me suis contenté de créer un langage tokiponiforme pour explorer les idées qui m'étaient venues. Le Toki Io n'est donc pas une tentative
d'amélioration du Tokipona, d'ailleurs il est pire : à la
limitation drastique du vocabulaire il ajoute une pauvreté des
phonèmes qui frise l'indécence et qui le rend, je suppose,
inutilisable. On peut se consoler en remplaçant chaque mot du Toki
IO par un mot à son gout, à la grecque, ou à l'anglaise, ou à la
n'importe quelle autre langue de base, obtenant ainsi un
vocabulaire nettement moins rébarbatif.. Communiquer alors avec
quelqu'un d'autre demeure peut-être une vue de l'esprit, à
moins que ce ne soit l'inverse et qu'une structure aussi limitée
puisse fonctionner avec du vocabulaire pris à une autre langue.
Sous réserve d'inventaire sérieux, il semble que cela soit
possible avec le français.
J'avais choisi d'avoir moins de voyelles et moins
de consonnes que toute langue connue, et j'avais dénombré 90 mots
possibles avec 4 consonnes et deux voyelles. Bien évidemment la
gageüre présentait trop de difficultés, je me suis alors aperçu
que, ayant déjà admis IO comme mot, je pouvais obtenir d'autres
mots en admettant les hiatus terminal, d'où : KIO, KII, TIO... Un certain nombre de règles de grammaire additionnelles - par rapport au Tokipona - ont pour but de diminuer l'ambigüité foncière d'un langage au vocabulaire réduit. La particule pour les mots composés permet de préciser le rôle de nom ou d'adjectif d'un modificateur, mais je m'aperçois que je ne l'applique pas avec rigueur, ce point mérite un nouvel examen ; la particule annonciatrice de verbe est étendue à toutes les personnes; les singuliers et les pluriels ne sont marqués que si cela a de l'importance, mais un singulier ne peut désigner un pluriel. La notion de "rien" et celle de "négation" ne s'expriment pas avec le même mot. Les temps de verbes, subissant l'influence du Glosa, sont exprimés plus systématiquement, offrant ainsi le bénéfice d'un présent, un passé, un futur(conditionnel, d'un impératif et d'un conditionnel-antérieur, auxquels pour faire bonne mesure on adjoindra un mode duratif et un immédiatif. L'expression des nombres obéit à des procédés différents de ceux du Tokipona. On se souvient que c'était le but premier de la création du Toki IO. On ne peut sans doute pas tout exprimer en Toki IO, mais il n'y a aucune limitation philosophique ou religieuse qui interdise d'y essayer. Si quelqu'un s'amuse à trouver des possibilités internes au Toki IO pour dire ce que je ne suis même pas en mesure d'envisager, il ne violerait (probablement) aucune loi et ne détruirait évidemment pas le langage. C'est même tout le mal que je souhaite au Toki IO. Et on peut toujours faire sans le Toki IO. Daniel MACOUIN |