Lumbago
La pluie. La voiture rétive se plaint du temps mouillé
Mon dos aussi comme rouillé sent sa moelle occlusive
Mal de dos mal du jour. Veuillez tromper l'inflammative
affection lombaire trop vive cher Docteur. Enrayez
le run-away. Ma vie cursive hélas! à ferrailler
me force et marcher tant ployé - si la douleur esquive
-
incite les méchants à railler Amis aussi. Cultive
ironie et blague explective spectateur égayé
d'un lumbago... Hors ma déclive ossature voyez
mes crocs mes molaires caillées et mes dents incisives
si dans l'instant vous étriller ne puis : craignez
devoir demain sous ma gencive en met vous réveiller.
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Sonnet de l'écoinçon
L'aube vient et avec elle l'urée bloc de cristal dur
qu'un rien arrête. Je geins. Le rein victime de l'arête
pâle qui git dans l'urètre murée
Le corps se tord ô douleur endurée se crispe
et se défend qu'on mette des freins aux soubressauts
qu'une barrette sourde au profond de soi-même à
l'orée
du jour aussi lancinamment relance d'un long renoncement
de la raison quand après l'apogée encore avance
la souffrance où infiniment sous elle s'enserrent
les viscères en prison de verre concassé : c'est
la gravelle.
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Chanson de la délivrance
Qu'il est bleu le matin quand finit la gravelle Vienne l'amour
vive la chère et l'échanson Dansez dansez garçons
avec les demoiselles Piqûres adieu! Les cachets pour les
chansons Mâtin! c'est renouveau car s'enfuit la gravelle
Petits cailloux qu'on pousse au jeu de la marelle Pierre
des chemins dures aux pieds sans chaussons Gemmes fins qui plus
en imposez que gabelle Gardez vos frères calculs j'ai
payé la rançon: Que se dissipe en pluie au matin
la gravelle
Dansons jeunesse et vous jolie mademoiselle Si vous cherchez
Pierre parmi tous les garçons Délestez le lithe
chagrin de la nacelle Voyez comme tout revit retenez la leçon:
Un sourire au matin vaut mieux qu'une gravelle
Comme on laisse un caillou tombé de la margelle Dormir
dans l'eau sur l'oreiller vert du cresson Daniel forme le voeu
qu'en ses années nouvelles L'aiguille d'urée dédaigne
son caleçon Et que soir ou matin il oublie la gravelle.
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Migraine
Comme court à la mort programmée dans l'arène
enragé puis hagard un taureau je m'ébroue sous
la banderille et crains l'assaut de la pique et ses lourdes
étrennes
Les couteaux des bouchers patientent dans leurs gaines car
l'heure est encore à l'apéro premiers coups de
clairons sonnés par les hérauts puis roule tambour
triste rengaine
L'aqueduc de Sylvius se peuple de murènes copulant
avec des vipéreaux Substances blanche et grise collent
en grumeaux chaque neurone en prend pour sa peine
Désespérante aspirine au sable s'engrène
et vire au vulgaire placebo alors me laboure l'étrave
d'un canot hérissé de harpons à baleine
Puis lentement l'étau qui comprime la veine qui vide
le trop plein du cerveau se resserre : je crie repris par l'écheveau
finement noué de la migraine
Tout va de mal en pis, l'amour mute en obscène le
vin se bouchonne et même l'eau pure a le goût de
Javel quand sept javelots me percent la tête et se déchaînent
Je ne trie dimanche des jours de la semaine ne sais s'il
est tard ou s'il fait chaud à la fin je mettrais ma tête
à l'échafaud s'il peut couper court à la
géhenne
Comme à l'incandescence cognent les phalènes
trop de sang heurte les brûlots qu'énarde en ma
cervelle un loup Fra-Diavolo qui danse aux coups d'un gong endogène
De mon front serré jusqu'à l'occiput la haine
interne referme les hublots Alors girent en rond tous les vols
de gerfauts au vent des hurlements des sirènes
Tête ma pauvre tête qu'une souveraine marâtre
découpe au chalumeau qui tant travaille au nerf au feu
et au couteau on te recloue de cent-mille allènes
Encore si j'avais fait la pige à Silène et
couru de Bourgogne à Bordeaux mais rien Oh! par pitié
que ne suis-je un bateau qu'on me fasse un radoub de carène
Mais que n'ai-je couru plutôt la prétentaine
Que n'ai-je brûlé tous mes vaisseaux si je finis
ainsi tel en cage un oiseau qui se rue aux barreaux qui m'aliènent
Soudain c'est l'éclaircie Le calme rassérène
La paix irrigue les deux cerneaux Qu'on est bien Faites Dieu
qu'aille vers d'autres eaux d'autres fronts se pencher ma marraine
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