Daniel MACOUIN

 

 

 

Contrerimes

à ma façon

 

 

En mots comptés rimes plaisantes

Amis, que je vous taise

amertume douleurs mal aise

colère défaisante.

 

 

 

 

****

septembre 1997

 


 

 

 

Il se redit que tout lasse

au larmier du temps

Non! L'émoi après vingt ans

de ta main qui passe

 

Rend-il fou le vent d'autan

que j'aime à ta face

les rides? ô les douces traces

passent les printemps

 

*

 

 

Souviens toi des caravanes

Grenade camping

Il fait chaud pour nos loopings

après le Havane

 

Et du Belge au Lac Majeur

saoul pissant ses bières.

Italia! au lit deux lierres

mêlent leurs sueurs

 

Des souvenirs de vacances

- vin doux de Vouvray-

crois tu qu'on soit dans le vrai

si on s'en balance?

 

*

 

 

Dans la chambre orange et blanche

tu dors dans un livre

Pourquoi donc tu te délivre

si j'ose ta hanche?

 

Soufle le vent  de la mer

soulevant les draps

Pour trouver tes seins tes bras

 me servent d'amer

 

C'est samedi ou c'est dimanche?

Aux vitres du givre

Qu'il est doux le gout de vivre

au froid bien étanche.

 

 

*

 

 

Dans l'air attiédi du soir

près du pont de l'ile

connais tu face à la ville

un banc pour s'asseoir?

 

*

 

Laissons le poème amer

tatarantara

seuls paressons dans l'aura

d'un doux plaisir kmer

 

*

 

Qui nie que l'Aunis est laid

connaissant Coulonges

si beau et Basse-Saintonge

douce comme lait

 

*

 

Demain est un jour grand prince

cinq à six beauforts

L'arme sèche après l'effort

du corps qui se rince.

 

*

 

Pleurs ni cris ni dents qui grincent

n'atteignent mon for

Larme sèche après l'effort

de l'oeil qui se rince

 

 

*

 

Que vaut peinture, mon Prince

à l'aune d'un corps?

L'art est dèche après l'effort

de l'oeil qui se rince.

 

*

 

 

Mêmement le sable à bêche

tête use le temps

la larme ment tout autant

qu'elle coule ou sèche.

 

*

 

Une grosse auto bleu clair

roule à fonds perdus

vers un beau fruit défendu

grisé d'un éclair

 

Eclat des trente deux dents

aux gencives saines

ô Fluor! Haleine fraiche

pour rentre dedans

 

Un bateau là bas sur l'eau

plus haut le nuage

Me prends-tu  au fort de l'age

Ah! pour un ballot

 

*

 

Que vaut ton portrait mon Prince?

au musée qui dort

L'art déssèche après l'effort

de l'oeil qui se rince

 

Si passe une fille au corps

vif la taille mince

et le sein lourd  on évince

vite les trésors

 

 fixés aux murs par des pinces

ô Papillons morts

face aux fesses sur ressort

toute toile est since.

 

*

 

 

J'ai lu quoi? : un bon polar

et bu mon café

La daube est à l'étouffé

Ça ira? gros lard!

 

*

 

J'ai lu quoi? : un bon polar

- privé choc et chic

type- toi tu lis quoi hic

et nunc? : du grand art!

 

*

 

Un cri: un mort: un polar

d'Agatha Christie:

"Crime dans la sacristie":

indice: un foulard

 

*

 

Comment? un mort un beau crime

Ci-gît le moustique

Dans l'odeur d'antiseptique

Au pin maritime

 

*

 

 

Premiers amours...

 

Premiers amours à échoir

sont premiers péages

La larme signe leur age

Va! Temps vaut séchoir

 

Quand au retour du voyage

soupirs et mouchoirs

et les amours ébauchoirs

sont comme bagages

 

remisés D'autres pochoirs

s'imprimeront, pages

d'essais, brouillons, légers gages

avant le hachoir.

 

Amours amour  Ah! corps sages

bouleversés Choir

en tourbillon Nul perchoir

Nulle rive  Nage.

 

*

 

Maison éveillée bruits d'eau

portes qui se claquent

Eh! vous cassez la baraque

avec vos sabots

 

Neuronnes sonnent les Paques

mal débarbouillés

Ah! où donc gît l'oreiller

 que je m'y encaque

 

Qui? force une clé rouillée

dedans mon cerveau

Je casque un max. Aïe! que vaut

ma veille éraillée?

 

*

 

Dans l'air attiédi du soir

Vois tu j'ai soupé

de tenir tout un été

pour toi l'encensoir

 

*

 

Mêmement le sable à bêche

tête use le temps

la larme ment tout autant

qu'elle coule ou sèche.

 

*

 

Cent mille et plus fois Madame

préfèrerais qu'on relie

vos yeux - Las! Traité je lis -

au souvenir d'Amsterdam

 

*

 

Le social traitre m'ulcère

Je grince des dents

La rage me tue par dedans

Bonjour ma colère

 

Sainte colère conseillère

désespérée  bous

et éclate avant que boue

noire ait sa litière

 

J'ai peur Oui j'ai peur

et ne sais que faire

Socialos sont aux affaires

et l'espoir se meurt

 

*

Ah! les jolis dessous de la crise

et les jolis messieurs!

Les innocents monteront aux cieux

d'ici là sans assises

 

ils paieront le prix des pots cassés

Ah! Coquins de Davos

quand donc? vous brisera-t-on les os

pour la moelle sucée.

 

*

 

Mal abrité d'un coin de béton

chaud d'un litron de rouge

c'est personne ce tas là qui bouge.

Son lit fait de carton

 

c'est pour toi, voisin, pour moi - qui sait?-

le bout à nos voyages

Qui? demain résident sans bagages

tendra la paume  Assez!

 

*

 

 

Que fais-je errant dans le Noroit

qui souffle à La Rochelle

et que l'eau du bassin se gèle?

Rien!je tremble de froid

 

La baie en chaos de glace est prise

un passage de Huns

n'est pire. On va chez les vendéens

a pied sur vague grise

 

A la Noël de quatre-vingt-seize

il fit un froid choquant

Brrr! ce temps tous les dix ans mordant

aux mânes rochelaises.

 

*

 

Quand tu sens les pierres fendre

et entends gémir

le vent: mets parmente à rôtir

par dessous la cendre

 

Lors cuite à point -chair à rendre -

cesse de frémir

goûte de l'hiver le rire

et la pomme tendre

 

Décembre a Mai comme gendre:

l'amour à blêmir

ne meurt qu'à demi. Au pire

il suffit d'attendre

 

*

 

Inconvénient

 

Le gel porté par vent d'Est

A bloqué La Tranche

Sur Mer samedi et dimanche

Plus au Sud La Teste

 

Ennui

 

Le gel porté par vent d'est

A bloqué la clanche:

Zut! derrière ces trois planches

Est restée ma veste.

 

Cauchemar

 

Le gel porté par vent d'est

A bloqué la Manche

Les Anglais pieds sur des planches

Marchent jusqu'à Brest!

 

Epouvante

 

Le gel porté par vent d'est

A bloqué tes hanches

Ton cul et tes seins qui penchent

Comptons ce qui reste!

 

*

 

Si le chaume a jauni sur la plaine

dans le chaud de l'été,

à l'air qui tremble avons nous été

si fous de perdre haleine

 

et l' esprit dans les champs de l'Aunis

tels Lorca et la rouble

infidèle dans la nuit, nous, troubles

comme l'eau dans l'anis ?

*

 

Soir

 

La mer s'en va. Le couchant

joue l'anamorphose

des ciels oranges et roses

le soleil cachant

 

Je lèche mes ecchymoses

seul ici marchant

à la grève sans méchants

ni bons. Je fais pause

 

En demi songe ébauchant

des idées forcloses

aussitôt, sans fins ni causes

- quel triste penchant!-

 

je poursuis l'apothéose

des mouettes tranchant

soudain leur vol ricochant

sur l'écume éclose

 

Le soleil allé, sachant

la journée dispose

-mais las! sa métempsycose

au matin marchand -

 

je vais d'un lent pas morose

cygne au dernier chant

m'attendrir à mon couchant

des beautés des choses.

 

*

 

 

precium sudoris...

 

Tudieu! Qu'elle a le cul qui pointe

à l'envi de Scarron

Mon gout va aux derrières ronds

où les mains s'accointent

 

La reine de l'Heptaméron

et de la Navarre

m'aurait dépeint d'amour avare

pour ce laideron

 

Hue Dia! Bel amant qu'on appointe

le maigre patron

du moment loue ton éperon

sur la courtepointe.

 

 

**

 

Il était gras le verbe lourd

en face, à nos pieds, l'enclume

tombant serait caresse de plume

et léger trait d'humour

 

Elle: belle et fine  Ils se sont plus

L'amour! comprenne qui peut

J'étais là pourtant tellement mieux

Elle était riche en plus.

 

 

**

 

 

 

 

Je me fais un petit mot d'écrit

en comptant sur mes doigts

Que c'est curieuse chose car je dois

y mesurer mon cri.

 

*

 

 

 

 

 

 

 

Contrerimes à ma façon

de Daniel MACOUIN

 

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octobre 1997